Concertation ? Nous ne sommes pas dupes !

mardi 31 mai 2016, par Le Bureau

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On peut penser ce qu’on veut de la loi travail mais ces derniers mois permettent de tirer quelques conclusions sur les méthodes de gouvernement du Premier Ministre. Manuel Valls aurait voulu saborder cette Loi Travail, il n’aurait pas agi autrement. Il est également intéressant de dresser un parallèle avec ce qu’il se passe à Beaumont et les méthodes de concertation du Maire !

En 2012, pour tourner la page des années Sarkozy, François Hollande avait annoncé un nouveau mode de gouvernance, en particulier l’exécutif prendrait le temps de la négociation avec les partenaires sociaux. Avec ce mode de gouvernance basé sur la concertation, il acceptait aussi de prendre le temps nécessaire pour enrichir, faire avancer et accepter ses réformes.

Pour rappel, la concertation peut être définie comme “un processus de construction collective de visions, d’objectifs, de projets communs en vue d’agir ou de décider ensemble [1]. S’agissant de la Loi Travail, nous en sommes bien loin ! En outre, la concertation repose sur une coopération des différentes parties prenantes (gouvernement et partenaires sociaux) et suppose une volonté de construction collective que le Premier Ministre n’a pas vraiment démontré ces derniers temps.

La concertation n’est pas une confrontation d’intérêts. Elle repose sur une coopération entre les différents participants. Ainsi, accepter la concertation, c’est aussi accepter de s’engager dans une construction commune, d’écouter les autres parties prenantes et, à partir de leurs idées, d’amender et d’enrichir ce que l’on envisage de faire ensemble. Ce n’est pas le point fort des majorités actuelles, que ce soit au gouvernement ou plus près de nous à Beaumont.

La concertation n’est pas non plus une simple consultation qui vise à collecter des avis et opinions en amont d’une décision : elle doit donner lieu à une réflexion partagée, à un débat et à une construction collective. Et c’est tout le contraire à Beaumont.

Pour en revenir à la Loi Travail, tout se passe comme si la méthode avait été appliquée à l’envers : le gouvernement a lancé la phase de concertation après la présentation du projet de loi. L’explosion sociale déclenchée par le texte a conduit le gouvernement à organiser dans l’urgence des tours de table pour déminer le terrain et introduire quelques aménagements à la marge dans cette loi. Tout ceci démontre bien que le gouvernement ne maîtrise plus grand chose, et en tout cas, ni la méthode, ni le calendrier, ni même sa communication à entendre la cacophonie de ces derniers jours.

Il ne suffit pas d’expliquer ou de se prétendre “pédagogue” pour faire de la concertation. Cette tactique est utilisée aujourd’hui aussi bien à droite qu’à gauche alors même que les citoyens beaumontois par exemple, ou les partenaires sociaux pour la Loi Travail demandent une vraie concertation.

Et si finalement, le but de cette pédagogie de façade n’est pas juste de supprimer la phase de négociation pour imposer un projet ? Cette tactique ne peut, comme on peut le voir actuellement, que mettre le feu au poudre !

Ainsi, à Beaumont, des projets se développent dans l’opacité : la construction de 70 logements sociaux ne fait l’objet d’aucune information, d’aucune communication. Même si l’on ne peut que se réjouir de la construction de logements sociaux, il est regrettable de ne pas associer les habitants de notre ville – comme l’avait initié la municipalité précédente – à la sélection de projets architecturaux avec des réunions d’information, des votations citoyennes, …. La salle des fêtes va être complètement restructurée. Qui en a entendu parler ? Au mieux, il y a eu juste une information auprès de quelques personnes ou associations. En aucun cas, il n’y a eu une réflexion sur ce que souhaitent les habitants de Beaumont pour cette zone stratégique, juste derrière la mairie ! Quels usages, quelles fonctions ? Existe-il des manques actuellement qu’il faudrait combler ? La majorité municipale a peut-être conduit une réflexion, mais uniquement dans le bureau du Maire ! Personne ne la connaît !

Il faut rappeler que conduire une concertation, c’est faciliter le dialogue entre les participants. C’est aussi apporter des informations sous une forme accessible et « discutable » par toutes et tous, rapprocher les participants et les aider à se construire un langage commun, traduire les idées en propositions susceptibles de les inscrire durablement dans des dispositifs d’action. À Beaumont comme en France, nous en sommes bien loin !

[1Jean-Eudes Beuret, La conduite de la concertation, Édition L’Harmattan, Paris, 2006.