Vauquiez jette 20 M€ par les fenêtres pour pour gérer des entrées !

jeudi 28 janvier 2016, par Le Bureau

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Notre nouveau Président de la région Auvergne Rhône-Alpes a annoncé une dépense de 20 M€ dans certains lycées tests pour installer des portiques de sécurité. Avant de jeter l’argent par les fenêtres pour modifier des portes, il aurait mieux fait de passer un peu plus de temps dans ces mêmes lycées pour savoir résoudre un problème élémentaire de mathématiques !

Quelques chiffres

Notre nouveau Président a réitéré sa volonté d’installer des portiques de sécurité à l’entrée de chaque établissement afin de les sécuriser ! Mais combien y-a-t-il de lycées à équiper ? Combien y-a-t-il de lycéens ? Combien coûte un portique ?

  • Si l’on en croit les chiffres publiés conjointement par les académies de Clermont-Ferrand, Lyon et Grenoble, il y aurait au minimum 482 lycées d’enseignement général, agricole ou professionnel dont 280 publics sur la nouvelle région Auvergne Rhône-Alpes.
  • Il y a environ 282 000 lycéens dans ces lycées publics de la nouvelle région dont 183 000 dans le public
  • D’après BFM, le prix moyen d’installation et de maintenance d’un tel portique est d’environ 100 000 € annuel.
  • D’après les essais de la SNCF et les données constructeurs, le temps moyen de contrôle et de franchissement de ces portiques varie de 8 à 10 secondes. Pour la suite, on supposera que le temps moyen de contrôle sera de 8 secondes.

Quelques calculs simples

Pour équiper l’ensemble des lycées d’au moins un portique chacun, le coût annuel de cette mesure serait d’environ 48 M€ de dépenses supplémentaires chaque année.

Pour contrôler nos 282 000 lycéens, il va falloir consacrer au minimum 1 fois par jour (en fait beaucoup plus car les lycéens ressortent souvent de leur établissement au cours de la journée) 627 heures, soit plus de 112 80 heures par an ! Que de temps gaspillé !

Prenons des lycées de notre agglomération pour illustrer à quel point cette proposition de portique de sécurité est irréalisable et idiote.

Le lycée Jeanne d’Arc accueille un peu moins de 1 500 élèves. La plupart commence à 8h mais supposons que seulement 1 000 d’entre eux commencent à 8h. Il faut 2h15 pour faire entrer tout le monde avec un seul portique. Et si on installe un deuxième portique, on peut espérer les faire entrer en un peu plus d’une heure. Conséquence, il va falloir adapter tous les transports pour permettre de faire commencer tout le monde (lycéens et personnel) deux heures plus tôt ?

Si l’on suppose qu’il est raisonnable de ne pas faire attendre plus de 30 minutes les élèves devant les établissements, quel serait le vrai coût de cette proposition ? Toujours si on suppose qu’environ 30% des lycéens ne commencent pas sur les créneaux les plus chargés, on trouve qu’il faudrait un portique pour environ 300 lycéens. Soit, au final, la mise en place de plus de 940 portiques et donc un coût de plus de 94 M€ annuel.

En outre, les recommandations conjointes du Ministères de l’Intérieur et des constructeurs de ces portiques indiquent la surface nécessaire pour faire fonctionner ces portiques : elle est énorme et les lycées ne sont pas vraiment conçus pour ça. Cela implique donc de mettre les files d’attente sur le trottoir. On voit bien que l’objectif final de mise en sécurité des élèves n’est pas atteint et c’est même l’inverse qui se passe. On crée une zone de danger, et cela n’a pas l’air de toucher notre nouveau Président !

En conclusion

Un minimum de bon sens et la capacité à savoir faire correctement les 4 opérations de bases permettraient à notre nouveau Président de Région de se rendre compte par lui-même de l’inanité de certaines de ses propositions. Il n’y a vraiment pas besoin d’avoir fait l’ENA pour s’en rendre compte. Il serait sans doute beaucoup plus utile de recruter des surveillants pour ces mêmes lycées. Pour moins de 10 M€, il est possible de rajouter un surveillant à temps plein dans chaque établissement public ! En plus, cela créerait de l’emploi. À quand les internats qui aujourd’hui font tant défaut ? À quand la rénovation de lycées courant d’air et pollueurs toujours repoussée ? À quand l’équipement informatique ? Quid de la gratuité des livres à la rentrée ? À quand l’aide régionale pour la gratuité des transports pour les internes lycéens ? À quand de vraies mesures préventives pour la sécurité ? S’il y a une telle somme à dépenser, qu’elle soit soumise aux conseils d’administration des établissements, les idées de réalisations urgentes ne manquent généralement pas.