Une crise sanitaire mais aussi sociale !

samedi 21 mars 2020, par Le Bureau

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La crise liée au coronavirus Covid-19 que nous vivons en France actuellement est évidemment une crise sanitaire majeure. Mais elle est également un révélateur de la crise sociale qui couvait et couve toujours en France. Cette crise sanitaire accroit dans les grandes largeurs les inégalités sociales

Une crise de grande ampleur

Il suffit de fréquenter un peu les réseaux sociaux, ces miroirs amplificateurs des maux de notre société pour se rendre compte de l’ampleur de cette crise sanitaire et de ses conséquences sur l’accroissement des inégalités sociales qu’elle engendre. En effet, qui sont les personnes en première ligne pour reprendre ce terme guerrier dans la lutte contre ce coronavirus ? Qui sont les personnes les plus exposées à la contamination ? Qui sont ces héros du quotidien ? Ce sont principalement les classes populaires : les éboueurs, les agents de sécurité à l’entrée des magasins, les caissières et employés de la grande distribution, mais aussi les fonctionnaires de police, les professeurs, et l’ensemble des personnels de soins, les routiers !

Les classes sociales les plus élevées, celles qui, a priori, étaient les plus susceptibles d’être contaminées aux vues de la fréquence et du nombre de contacts sociaux, de déplacements professionnels ou de loisirs, ont déserté les villes pour aller se confiner dans leur résidence secondaire.

Des inégalités décuplées

Le confinement a ainsi décuplé les inégalités pour les classes populaires, fortement présentes dans les grandes métropoles françaises : comment être confiné à 3, 4 ou 5 dans des surfaces de 60 ou 80m2 en pleine ville ? Comment rester confiné dans sa chambre universitaire de 9m2 ? Quelle efficacité d’un confinement pour les personnes les plus défavorisées habitant dans un habitat insalubre ou surpeuplé, voir les deux à la fois ?

Les classes moyennes ont également subies la hausse continue du prix de l’immobilier depuis 10 ans et ont du mal à louer un logement qui réponde à la définition du logement décent selon les critères de la loi SRU ?

Tandis que les fonctionnaires hospitaliers, de police, les salariés modestes de l’agro-alimentaire, de la grande distribution, des sociétés de nettoyage prennent en charge les malades, nettoient nos villes, approvisionnent et tiennent les magasins d’alimentation, leurs enfants sont enfermées dans des logements souvent petits et en ville, pendant que les classes les plus aisées sont à la campagne et aident à la prise en charge de la continuité pédagogique de leurs enfants dans le jardin !

Une continuité pédagogique fortement inégalitaire

Concernant la continuité pédagogique, là aussi il y a un accroissement profond des inégalités ! Quels outils numériques pour les moins favorisés ? Comment suivre un brin de cours vidéo sur un smartphone avec une connexion Internet pas toujours très stable ? Cette continuité pédagogique, mis en place avec des moyens extrêmement limités par des enseignants volontaires mais absolument pas formés à ces outils ne fonctionne au mieux que pour les familles les mieux équipées en dispositifs numériques : ordinateur, tablette, … Comment faire quand il faut partager son équipement entre son télétravail, et les différents cours que doivent suivre les enfants en simultané ?

Et après ?

Après la crise, il faudra qu’une vraie justice sociale collective se mette en place pour rattraper ces inégalités criantes et les corriger le plus rapidement. Tous ces métiers, essentiels en tant de crise, qui pourtant sont invisibles le reste du temps !

Messages

  • Entendu ce matin sur France Inter : un chef de service des urgences à Paris, pourtant LR, a déploré la non-implication des cliniques et hôpitaux privés dans la crise sanitaire que nous traversons ! Et, à Beaumont, on n’entend pas beaucoup parler de la clinique de La Châtaigneraie, pourtant souvent présentée comme un secteur de pointe.

    Ce qui veut dire :

    • que laisser la santé au secteur privé est un vrai scandale politique
    • que la mise à mal de l’hospitalisation publique de ces dernières années est inacceptable
    • que l’hôpital public, non seulement doit être préservé, mais doit être développé et aidé. C’est ce que demandaient de nombreux acteurs ces derniers mois (médecins et chefs de services, services des urgences, personnels hospitaliers et syndicats, etc.)
    • et qu’il faut aller vers un système de soins déconnecté du profit, des groupes financiers, de la marchandisation.
      La santé doit être un bien commun à développer !
  • De quoi s’inquiéter ?

    La crise sanitaire liée au Covid19 suscite de nombreuses inquiétudes au premier rang desquelles il y a bien évidemment le risque grave pour des milliers de nos concitoyens et pour nos proches et nous mêmes.

    Il est trop tôt pour écrire l’histoire de ce qui est en train de se passer, pour en tirer les leçons, pour imaginer même la suite ! Ce que l’on sait, et que de nombreux historiens et philosophes décrivent, c’est que, possiblement, rien ne sera comme avant et que cette grande crise entraînera sans doute de nombreux bouleversements, tant sur le plan national que international.

    Plusieurs points me semblent attirer toute notre attention future :

    • l’état d’urgence sanitaire impose de nombreuses restrictions de nos libertés et certains pourraient être tentés de proroger tout ou partie de ces mesures, d’autant que nos concitoyens se montrent globalement extrêmement disciplinés ! La réaction du maire de Gerzat est à la fois inquiétante et symptomatique : il voudrait imposer le couvre-feu de 21h le soir à 05h du matin pour ... « la faune qui, tout au long de l’année circule la nuit et fait des dégâts » ! On est bien loin de la question du confinement !
    • Plusieurs mesures de remise en cause du Code du Travail se mettent en place : certains y voient une bonne occasion de les pérenniser (travail le dimanche, durée hebdomadaire, congés payés ...)
    • La crise sanitaire a dévoilé les insuffisances de notre système de soins, insuffisances liées aux attaques répétées depuis des décennies. L’état de l’hôpital public est dénoncé depuis des mois : quelle politique radicalement nouvelle pourrait être mise en place ? Les tenants du libéralisme à tout prix l’accepteront-ils ? Saura-t-on restreindre l’emprise des grands groupes financiers (avec une question corolaire : se laisseront-ils faire ???).
    • Au delà de cette crise sanitaire, nous allons sans doute être confrontés à une crise sociale (liée aux conséquences économiques car, il faudra bien « faire redémarrer la machine » sans trop se soucier de ceux qui la feront redémarrer ...) et le danger est grand que, sous ce prétexte, les questions écologiques et du réchauffement climatique nous soient présentées comme secondaires !

    Nous serons tous sans doute soulagés lorsque le confinement sera levé, mais qu’en sera-t-il après ?

  • Distanciation sociale
    Quel terme étonnant ?
    On aurait pu parler de distanciation physique, de prise de distance, d’évitement de tout contact, ... ou simplement d’en rester aux questions du confinement. Mais non, on nous assène que seule la distanciation « sociale » est efficace !
    Mais les mots ont un sens et peuvent trahir des orientations plus ou moins cachées.
    En quoi la distanciation « sociale » est-elle plus nécessaire que la distanciation physique alors même qu’il faudrait renforcer les liens, la solidarité, la fraternité, bref tout ce qui doit être le fondement de l’être social ?
    La société marchandisée et les tenants du libéralisme effréné ont bien besoin de mettre à bas tout ce qui, dans l’être social que nous sommes, pourrait être le seul bouclier contre une société de plus en plus autoritaire et possiblement réductrice des droits humains.