Un état d’urgence, ou les urgences d’un État ?
jeudi 31 mars 2016, par
PolitiqueDémocratieConseil municipalOn voudrait nous faire croire à l’état d’urgence, en réponse à une crise de la sécurité intérieure ; que la crise économique ne serait pas une conséquence d’une finance exacerbée ; que l’hyper consommation n’est pas la cause de la crise écologique ; que le libéralisme n’est pour rien dans l’augmentation du chômage (20.000 morts par an, en France, en lien direct avec une période de chômage) !
Tout cela n’a plus de sens, et nous le savons bien. Pour preuve, les nombreuses résistances et luttes locales pour agir sur le dérèglement climatique (sécheresse, inondations, montée des eaux, tempêtes…), pour résorber les inégalités et la grande précarité (14,5 M6 personnes sont mal logées, dont 894.000 sont privées de logement selon la fondation Abbé Pierre), pour manger mieux (produits locaux et biologiques) et respirer bon (200.000 morts par an, en Europe, en raison de la pollution de l’air), ou encore pour maintenir nos libertés fondamentales (traité transatlantique TAFTA donnant le pouvoir aux lobbying)... C’est le signe de cette conscience éveillée, mais étouffée, sur le vrai problème : la gouvernance de notre civilisation.
Et Beaumont n’y échappe pas… Nous sommes mobilisés contre le forfait payant sur le périscolaire, contre les dépenses inutiles, dont la fontaine devant l’hôtel de ville pour un montant dépassant les 80.000 euros (!), contre une pratique autoritaire des décisions sans participation des citoyens, contre une action sécuritaire inadaptée (vidéosurveillance dans la ville, pour près de 40.000 euros), contre un aménagement urbain non compatible avec la transition écologique (nouvelle pelouse avec arrosage automatique, pour quelques 30.000 euros encore).
Face à cette crise du sens, il y a urgence… Urgence de redonner la foi dans un projet en commun. Il faut revenir à l’essentiel. Le goût du vivre ensemble, l’émancipation de chacun et de tous, la fraternité partagée par tous. C’est la seule voie pour endiguer les courants du sectarisme et du dogmatisme, et pour refaire société.
Les gouvernants ont ce devoir de (r)évolution pour protéger les biens communs, dont le plus important peut-être : la politique (pas la politique politicienne). Rassembler les individus, autour des préoccupations et projets partagés ; trouver des solutions en commun : c’est ça gouverner. Et là encore, malheureusement, Beaumont n’est pas épargné avec une majorité qui préfère décider en petit comité plutôt que de débattre. L’espérance demeure « de participer à l’aventure pour la Terre Patrie, d’œuvrer en France [à Beaumont] pour une civilisation du mieux vivre ensemble. » (Edgar Morin, février 2016).
Mais elle ne prendra vie qu’avec l’engagement de tous pour changer de modèle, et soutenir une gouvernance enfin différente, ailleurs mais surtout ici.