L’écologie, entre humanité et empathie par Cyril Dion
mercredi 26 mars 2025, par
Écologie
Un projet écologique se doit de s’articuler autour de sa capacité à faire preuve d’humanité et d’empathie. Vous savez, cette petite chose à l’intérieur de nous qui crie, lorsqu’un autre être souffre, lorsqu’on saccage la beauté. Qui nous rend la destruction cruelle et gratuite, insupportable.
Je pose la question, parce que pour moi, l’écologie se résume un peu à ça. À notre capacité à faire preuve d’humanité. L’écologie, ce n’est pas décarboner. Qui a envie de décarboner ? Vous avez envie de décarboner, vous ? C’est pas un projet, ça. Au mieux c’est une conversation d’ingénieur. L’écologie, ce n’est pas trier. Ce n’est pas faire du vélo. Ce n’est pas manger du tofu bio. Ce n’est même pas renverser le capitalisme. Alors, c’est quoi ?
L’écologie, c’est prendre soin
L’écologie, c’est rechercher l’équilibre entre les différentes formes de vie. Une certaine forme d’harmonie, où chaque chose est à sa place. C’est prêter attention à ce qui nous entoure. Chercher à le comprendre. C’est embrasser la diversité. Parce qu’il n’y a pas de monde vivant sans diversité. Pas d’écosystème, pas de résilience.
L’écologie, c’est prendre soin. C’est se soucier du monde. Et de tout ce qui le compose. Les humains, les insectes, les animaux, les grands arbres avec leurs feuilles qui bruissent dans le vent, traversées par les rayons du soleil.
Balancer du plastique, rouler dans un gros SUV Diesel, abandonner les réfugiés à la mer, changer de smartphone tous les six mois, manger son steak une ou deux fois par jour, acheter des fringues à dix balles toutes les semaines, c’est d’une certaine façon ne pas se soucier des poissons et des dauphins qui étouffent dans une mer de pollution, des enfants malades de respirer des particules fines, des femmes et des hommes exploités dans les usines et les abattoirs, des esclaves modernes qu’on envoie dans les mines, des morts du climat, de ces milliards d’animaux, d’insectes qu’on éradique méthodiquement.
En disant ça, je n’accuse personne en particulier, je suis comme n’importe qui, il y a des moments où je n’y pense pas, où je ne m’en soucie pas assez, où je pèse trop sur le monde. Je sais que tout ceci est complexe, que nos bonnes volontés sont trop souvent tordues par des systèmes qui les exploitent.
L’écologie reléguée aux oubliettes
Mais ce n’est pas ça qui m’importe. Ce qui m’importe, c’est ce que nous voulons choisir aujourd’hui. Maintenant. À ce tournant de l’histoire. Car ce que je vois, ce que je lis, à longueur de journée ces temps-ci, c’est tout l’inverse de l’écologie, l’inverse de prendre soin.
La politique génocidaire à Gaza. Les innocents pris en otage ou tués par le Hamas. Les femmes violées, harcelées, partout sur la planète. Les bombes qui s’abattent sur l’Ukraine. La fascisation des esprits qui imaginent qu’en se débarrassant de “l’étranger”, tout ira mieux. L’automatisation du monde qui écrase les esprits, les humains, les remplaçant par des machines. La pollution qui gagne sans cesse du terrain et fait exploser le nombre de cancers, de maladies chroniques.
En ce moment, l’écologie est comme attaquée, démembrée, reléguée aux oubliettes. Et ce n’est peut-être pas un hasard. Car c’est peut-être le projet de civilisation qui s’oppose le plus au fascisme galopant, au capitalisme prédateur, au néolibéralisme assassin, que nous voyons se répandre partout.
Un véritable projet de société
« La faiblesse fondamentale de la civilisation occidentale, c’est l’empathie », a déclaré Elon Musk. Et bien non, c’est sa force. Parce que construire un monde vivable, sur une planète habitable, un monde où chacune et chacun vivra mieux, c’est justement être capable d’étendre notre capacité d’empathie au-delà de nos proches. À l’ensemble des vivants.
C’est apprendre à coopérer.
C’est refuser la tyrannie.
C’est bâtir une véritable démocratie.
L’écologie, c’est un véritable projet de société pour le 21ᵉ siècle. Et plus que jamais, nous avons besoin d’une direction, d’un horizon, qui nous porte. Nous ne pouvons pas passer une vie à lutter contre. Nous avons besoin de lutter pour. Car si nous ne brûlons pas de ce désir ardent, de cette pulsion de vie, alors comment éclairerons-nous la nuit ?