Guéant en croisade islamophobe

jeudi 24 mars 2011, par Hervé Mantelet

Politique

En déclarant que les usagers des services publics « ne doivent pas porter de signes religieux » ni « manifester une quelconque préférence religieuse », Claude Guéant remet la question des signes religieux sur le tapis, comme si la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public ne suffisait pas. Interdira-t-on désormais à une femme portant foulard (et non burqa ou niqab) de pénétrer dans une école ou un hôpital ?

Membre du gouvernement depuis seulement 26 jours, Claude Guéant a déjà largement égalé Brice Hortefeux dans le registre des petites phrases douteuses voire nauséabondes. Après avoir déclaré que les Français avaient « parfois le sentiment de ne plus être chez eux » du fait « d’une immigration incontrôlée », il a cette semaine qualifié de « croisade » l’intervention aérienne contre Kadhafi (dont il organisait, en décembre 2007, en tant que secrétaire général de la Présidence de la République, le camping sauvage en plein cœur de Paris). Aujourd’hui, le ministre des Cultes utilise les signes religieux comme prétexte pour s’en prendre, une fois encore, à l’islam et aux musulmans de France, poursuivant une « croisade » islamophobe qui vire à l’obsession.

Ces petites phrases ne sont pas prononcées accidentellement mais s’inscrivent dans une tactique politique précise. Sarkozy et Copé, pour une fois d’accord, estiment que la banalisation des idées de l’extrême-droite est leur meilleur atout pour 2012. Guéant, en bon serviteur, se charge de mettre cette banalisation en musique en s’appropriant les thèses du Front National, ce dans un contexte européen marqué par une porosité toujours plus grande de la frontière entre droites démocratiques et droites démagogiques (Belgique, Danemark, Italie, Pays-Bas, Autriche…).

Le gouvernement persiste donc à dresser les citoyens les uns contre les autres pour dissimuler son incapacité à résoudre la crise économique, sociale et environnementale. Pire : il dissémine du sel sur les plaies d’une société fragilisée plutôt que de la soigner ou, tout du moins, la panser. Le résultat des cantonales le montre pourtant : selon la maxime lepéniste, les électeurs « préfèrent l’original à la copie » et, à force de jouer les apprentis-sorciers, la majorité actuelle risque fort de se prendre un méchant retour de boomerang dans la figure.