Éolien : la France à contre courant !

mercredi 31 mars 2010, par Hervé Mantelet

ÉconomieEnvironnement

Véritable pays des merveilles des nucléocrates, la France s’est dotée d’une mission parlementaire qui s’apprête à publier un rapport dont les recommandations constituent un barrage pur et simple à l’industrie éolienne.

Parc éolien offshore

Le Parlement français est depuis longtemps le lieu d’une sourde bataille où des députés s’acharnent à mettre en place des entraves administratives pour empêcher le développement de la filière éolienne et de tout autre mode de production d’énergie alternatif en France... dans le seul but de protéger le monopole du secteur nucléaire.

Patrick Ollier est la figure de proue des amis de l’atome à l’Assemblée. Il s’était notamment distingué en empêchant que la loi Grenelle ne comporte des normes exigeantes en matière de consommation énergétique dans le bâti. Le président de la mission parlementaire sur l’éolien, par ailleurs président de la commission des affaires économiques, s’apprête à proposer un rapport qui consterne les députés d’opposition ayant participé à la mission et qui inquiète fortement les associations.

Comme à leur habitude chez les anti-éoliens, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ils habillent d’arguments malhonnêtes la multiplication des entraves administratives (taille des parcs, procédure d’installations classées...) dont le seul but est d’alourdir encore un peu plus la paperasserie, et de rallonger et compliquer des procédures déjà trop lourdes.

Pendant ce temps, l’éolien est devenu une force de frappe industrielle en Allemagne et au Danemark. Les énergies renouvelables représentent plus de 300 000 emplois outre-Rhin, soit près de deux fois plus qu’en 2004. Pour la première fois, le secteur des énergies renouvelables a fourni plus de 10 % de l’énergie consommée chez notre voisin allemand.

Là où un pays construit un modèle de production énergétique décentralisé dont une kyrielle d’acteurs bénéficie, l’autre continue de porter un modèle économique technocratique centralisé, anti-écologique et dangereux. Quelques acteurs profitent de rentes financières considérables tandis que l’ensemble de la population et les générations futures pâtissent des conséquences négatives de l’industrie nucléaire. Ses chiens de gardes parlementaires continuent en effet de bien faire leur travail, et la situation ne semble pas près de changer.

Après l’abandon de la taxe carbone, ce nouveau coup porté aux énergies renouvelables confirme que pour la majorité gouvernementale le Grenelle de l’environnement est bel et bien enterré.