Dossier : Avenue Sud et Contournement Sud-Ouest

mercredi 15 janvier 2003, par Le Bureau

UrbanismeEnvironnementDéplacement et mobilitéCirculation

L’Association IDÉES pour Beaumont, attentive et soucieuse, a déjà fait part dans les précédents bulletins de sa vive préoccupation concernant le projet piloté par le Conseil Général du Puy-de-Dôme.

Introduction

Après avoir examiné le dossier d’exposition, lors de la concertation qui s’est tenue du 30 novembre au 8 décembre, concernant le Contournement Sud-Ouest et l’Avenue Sud, il est bon de se rafraîchir la mémoire. Rappelons que cette rocade a été pensée, il y a plus de 30 ans, à un moment où personne ne pouvait imaginer l’impact qu’aurait l’automobile sur les villes, à tel point que depuis, une loi sur la qualité de l’air a été votée au parlement. Ainsi, les grandes agglomérations ont été contraintes de mettre au point un PDU (Plan de Déplacement Urbain) pour atténuer la pollution des centres villes.

Le Contournement Sud-Ouest

La définition d’un “hypercentre” protégé, accessible aux seuls transports en commun et modes de déplacement non polluants oblige à reporter à la périphérie ou au-delà le trafic et le transit urbains. Ceci implique la création de “voies de contournement”.

Ce boulevard a donc été inscrit dans le PDU qui a été soumis à enquête d’utilité publique ; il a donc vocation à détourner les automobiles du centre ville de Clermont-Ferrand ; quant à l’Avenue sud, si sa vocation première est de désengorger certaines voies beaumontoises, il n’en reste pas moins qu’elle alimentera de façon significative cette rocade vers la place Henri Dunant !

Les différentes associations dans les villes et les quartiers concernés se sont opposées à cette voie de contournement dont le tracé essentiellement urbain, ne remplit pas son rôle de voie de contournement. Ces associations ont fait des propositions pour obtenir des décideurs la prise en compte d’autres moyens de déplacement (transports en commun : bus, trains ; vélo, marche à pied, etc.) et ont avancé de nouvelles solutions concernant le tracé et ses aménagements.

Où faire passer ces voies, comment trouver des solutions adaptées aux différents secteurs traversés pour protéger la qualité de vie des riverains et l’harmonie de l’agglomération ?

Situation à Beaumont

Caractéristiques de l’existant

  • Convergent vers le rond-point de Pourliat les deux routes nationales 2x2 voies (R.N. 789 venant de Pérignat-les-Sarliève et R.N. 189 venant de Ceyrat) et la route d’Aubière (R.D. 777).
  • Le principal flux routier se déverse par la route de Romagnat (R.D. 3) en direction de Clermont-Ferrand. Au niveau de l’Esplanade du 8 mai (voir plan), ce flux se sépare en 3 directions : avenue de l’Europe, rue Alexandre Varenne et rue de l’Hôtel de Ville.
  • Actuellement des ralentissements fréquents à certaines heures de la journée peuvent être observés rue de l’Hôtel de Ville, Esplanade du 8 mai, rue A. Varenne et Avenue Maréchal Leclerc (dans les deux sens).
  • Le collège de Beaumont étant situé sur la partie Est de la commune, cette avenue orientée Nord-Sud constitue une barrière pour les collégiens habitant à l’Ouest de cet axe.

Les réponses du Conseil Général

À défaut de plus amples décisions, notons que désormais la maîtrise d’ouvrage de l’Avenue Sud relève de Clermont Communauté.

Les propositions d’IDÉES pour Beaumont

  • Ce dont personne ne veut : une autoroute urbaine type 2x2 voies coupant Beaumont en deux ! ce serait une catastrophe urbanistique et environnementale qu’il faut à tout prix éviter. Tout le monde semble d’accord pour reconnaître qu’un tuyau, une fois débouché, se remplit naturellement. Beaumont n’a pas vocation à favoriser un flux de véhicules dirigé vers le centre de l’agglomération ni de le transférer à proximité du CHRU !
  • Ce que nous voulons : Il faut une réflexion urbanistique élargie. Elle doit intégrer les modes de transport “doux”, le traitement du front d’avenue, l’implantation des commerces et de lieux de vie. Il n’y a pas de politique cohérente de gestion des flux routiers urbains sans un développement volontariste des transports en commun accompagné de mesures les favorisant et visant à rendre la circulation automobile au moins plus difficile.

Pour les premières mesures :

  • Réalisation de parcs de stationnement aux alentours de Pourliat, voire Plaine de Sarliève.
  • Implantation d’un TCSP (Transport en Commun sur Site Propre) du trajet sans rupture de charge avec une fréquence convenable.
  • Une tarification attractive.

Pour les secondes mesures :

  • Refus absolu d’une “Pénétrante”.
  • Limiter la largeur de l’implantation routière sur l’existant au maximum à 2x1 voie.
  • Ralentir la circulation par l’implantation de feux tricolores aux carrefours.
  • Interdire aux poids lourds d’emprunter les trajets (sens Sud-Nord).

Ce dont nous pouvons rêver !

Imaginons un vrai projet de contournement digne de ce nom : une déviation Nord-Sud passant à l’Ouest de notre commune et envoyant les véhicules vers Boisséjour en direction de la RN 189.

Pollution atmosphérique

La voie de contournement déplace le problème...

L’étude faite par la Société ARIA Technologies, à la demande de la DDE-63, nous fournit des données chiffrées sur la pollution atmosphérique prévisible en 2020, suite au déplacement du trafic routier urbain depuis l’hyper-centre protégé de Clermont-Ferrand vers les deux voies périphériques à créer :

  • Contournement ou Boulevard Sud-Ouest (BSO).
  • Sortie ou Avenue Sud, allant du rond point de Pourliat à Beaumont jusqu’à la place Henri Dunant.

Ce travail s’appuie sur des “modèles de trafic”, sur la “composition du parc automobile en 2020” fournie par la DDE-63 et sur des données issues de l’ADEME 63 relatives à des pollutions environnementales. Il prend en compte deux situations :

  • Trafic sur “réseau actuel” sans BSO ni Avenue Sud.
  • Trafic sur “réseau futur” à créer avec BSO et Avenue Sud en service.

Des résultats bien loin des attentes !

Les quantités de carburant consommées sur le périmètre de l’étude et par-là, les pollutions dues aux gaz d’échappement ne sont pas réduites de façon sensible avec ou sans les aménagements projetés.

La consommation totale de carburant exprimée en tonne équivalent pétrole utilisée par heure (Tep/h) passe de 33 Tep/h sans aménagement à 31 Tep/H avec les voies projetées.

La très faible diminution (6%) de la consommation globale entre les deux situations montre que la voie de contournement n’engendre ni réduction de trafic automobile, ni réduction de pollution.

Écart de concentrations (en %) après mise en service de l’Avenue Sud et du Contournement Sud-Ouest, Météorologie la plus fréquente [1]

SitesCOHCNOxPart.CO2SO2
Pourliat +33 % +33 % +29 % +20 % +38 % +34 %
Carrefour Europe à Beaumont +39 % +30 % +48 % +50 % +49 % +50 %
CHRU +117 % +130 % +124 % +150 % +123 % +121 %
Liondards +37 % +29 % +40 % +33 % +46 % +50 %
Piscine Coubertin +3 % +0 % +8 % +0 % +6 % +7 %
Piscine Chamalières +95 % +88 % +97 % +50 % +100 % +100 %

Les résultats, traduits sur une “carte des concentrations des polluants au niveau du sol”, font apparaître un simple déplacement des pollutions depuis le centre et le Sud de Clermont vers la périphérie. Leur concentration s’établit le long des nouveaux axes de canalisation du trafic.

Ainsi, on observe une augmentation loin d’être négligeable sur le secteur de Beaumont !

Ces résultats confortent l’analyse d’IDÉES pour Beaumont pour laquelle des solutions techniques doivent être apportées dans la conception et l’implantation de ce projet urbain. La démocratie participative n’est-elle qu’un vain mot ?

Démocratie participative et Contournent Sud-Ouest

La loi relative à la “démocratie de proximité”- de février 2002, a pour but de mieux associer les citoyens aux décisions locales et de les faire participer à l’élaboration de grands projets d’aménagement et d’équipement. La “démocratie participative”, c’est-à-dire la participation du citoyen - électeurs - usager, à la conception et à la réalisation de projets, contrebalance la “démocratie représentative” dont l’action se réduit trop souvent aux temps fort des élections.

La “démocratie participative” se développe, au cours du temps selon trois niveaux [2] :

  • une information, niveau de base de l’échange, descendante, allant des pouvoirs publics territoriaux vers le citoyen ; elle sera lisible, complète, transparente, à l’origine d’une écoute et de la prise en compte de l’information ascendante fournie par les citoyens.
  • une consultation, proposée avant d’arrêter un projet, les décideurs élus sollicitent et recueillent l’avis des citoyens concernés. La qualité de la consultation dépend de la qualité de l’information précédente et de la capacité des citoyens à appréhender le problème. Elle doit se traduire par des propositions faites au stade préparatoire du projet.
  • une concertation, troisième niveau de la démocratie participative. Le citoyen étant l’utilisateur final du produit - équipement ou service - doit être associé à l’instruction du dossier, de la phase pré-opérationnelle de conception à la phase de réalisation du projet.

À la “maîtrise d’ouvrage” du pouvoir politique et à la “maîtrise d’œuvre” du pouvoir technique, les pouvoirs publics reconnaissent aux habitants “une capacité d’expertise” ou “maîtrise d’usage”.

La concertation est une participation “au sens de partage de l’initiative”, seuls les élus ayant la légitimité pour décider.

Comment ces trois niveaux de la “démocratie participative”interviennent-ils dans le projet de Contournement Sud-Ouest ?

L’information obtenue auprès du Conseil Général est diffusée, surtout à l’initiative des associations qui ont sillonné les quartiers concernés au printemps 2001, Elles ont présenté sur photos et schémas les études initiales du Conseil Général et leurs premières propositions d’amélioration du tracé.

La consultation, c’est-à-dire le recueil de l’avis des citoyens, qui s’est déroulée sur la base d’expositions en Mairies, organisées par le Conseil Général du 30/11/2002 au 8/12/2002.

La concertation - telle que nous la concevons et décrite ci-dessus reste à faire !

Malheureusement elle intervient trop tardivement à un moment où le projet n’en est plus à sa phase d’instruction et de conception !

[1Extrait de rapport ARIA/98.008.b.

[2Référence : L’Odyssée municipale. tome 8 ; la reprise en main de la politique par les citoyens ou la démocratie participative ; éditions ADELS. Gontcharroff G (2001).

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