Au révélateur de l’ortie

jeudi 16 novembre 2006, par Le Bureau

Environnement

Ce titre vous paraît sans doute énigmatique. Lisez donc cet article qui, à partir d’un détail en apparence insignifiant, nous en apprend plus que bien des discours.
Tout d’abord, citons les chiffres publiés en août 2006 par le très officiel Institut Français de l’Environnement (IFEN) : 96 % des eaux de surface et 61 % des eaux souterraines contiennent des pesticides. Face à un tel constat, il est évident que toute mesure réduisant ces proportions est bienvenue et doit être encouragée. Hélas ! Une récente décision prouve que cette simple logique de bon sens n’est pas partagée par nos gouvernants, et ce malgré les discours des plus responsables de l’État.

Le purin d’orties et ses bienfaits

Depuis des siècles, les agriculteurs recourent au purin d’ortie. La grande ortie est une plante très commune qui pousse à l’état naturel. Sa richesse en sels minéraux et oligo-éléments fait de son purin un excellent répulsif contre les pucerons. A ce titre, elle est utilisée depuis des temps immémoriaux et permet à l’agriculture biologique de disposer d’un produit efficace et sans danger. La préparation en est simple. On laisse macérer 1,5 Kg de feuilles hachées d’ortie dans 10 litres d’eau durant 2 semaines. Le purin obtenu est diluée à raison de 1 litre de purin pour 10 litres d’eau et combat alors efficacement les pucerons.

C’est simple et efficace.

Sauf que … en vous donnant cette recette nous tombons sous le coup d’un décret par lequel une amende de 75 000 €uros peut nous être infligée.

Le purin d’orties est hors-la-loi

En effet, le code rural (art L 235-1 et L 253-7) interdit l’utilisation et la publicité ou recommandation de produits phyto-pharmaceutiques qui ne bénéficient pas d’une autorisation de mise sur le marché. D’ailleurs, dans l’Ain, des enquêtes ont été lancées en application de cet article, justement au sujet de l’ortie.

Une affaire juteuse

Au-delà de son absurdité, l’objectif de cette disposition est clair. Il s’agit de permettre aux grands groupes chimiques de mettre la main sur tous les secteurs d’un marché financièrement juteux. Toute pratique, même écologiquement positive, même marginale, même ancestrale, doit être supprimée si elle ne s’inscrit pas dans un processus marchand.

On pourrait écrire une fable à partir de cette anecdote.

La morale en serait simple : Tout produit doit être marchandisé. Mais attention, qui s’y frotte s’y pique !